samedi 26 mai 2012

HYMNE DU RITUEL OMAHA - TRIBU AMERINDIENNE


Tandis que le soleil s'élevait, des peuples de toutes races se sont réunis,
des animaux de toutes espèces se sont réunies.
En vérité, ils se sont réunis tous ensemble, tout à fait comme un peuple.
Des insectes de toutes espèces se sont réunis en vérité,
par quel moyen et de quelle façon nous ne le savons pas.
En vérité, une chose seulement entre toutes était la plus grande,
l'inspiration de tous les esprits, la Grande Roche Blanche,
qui se tenait immobile et se dressait jusqu'aux cieux, enveloppée de nuages,
haute, vraiment, jusqu'aux cieux.
C'est ainsi que mes enfants devront parler de moi,
aussi longtemps qu'ils avanceront dans les sentiers de la vie,
c'est ainsi qu'ils devront parler de moi.
Telles furent mes paroles. Ainsi fut-il dit.
Alors le plus proche du rang,
toi, le mâle de la grue, tu étais là avec ton long bec,
avec ton cou qui n'a pas d'égal pour la longueur.
Et là, avec ton bec, tu as frappé la terre.
Telle sera la légende des peuples des temps écoulés, du peuple rouge.
C'est ainsi que mes enfants devront parler de moi.
Le suivant dans le rang était le loup gris.
Son cri, émis sans effort, faisait trembler la terre,
faisait trembler la terre ferme elle-même.
Telle sera la légende du peuple.
Le suivant dans le rang était Hega, le busard, avec son cou rouge.
Il se tenait calme, les ailes grand'ouvertes, laissant passer
la chaleur du soleil à travers ses ailes.
Lentement, il battit des ailes,
puis s'avança en flottant sans effort,
déployant un pouvoir dont parleront souvent les vieux dans leurs récits.

Source : Le livre d'or de la Prière par Alfonso M. di Nola - Marabout 1957.

dimanche 20 mai 2012

LE CANTIQUE DES CANTIQUES - Extrait -


Mon bien-aimé parle et me dit:
Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens !
Car voici, l'hiver est passé;
La pluie a cessé, elle s'en est allée.

Les fleurs paraissent sur la terre,
Le temps de chanter est arrivé,
Et la voix de la tourterelle se fait entendre dans nos campagnes.
Le figuier embaume ses fruits,
Et les vignes en fleur exhalent leur parfum.

Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens!
Ma colombe, qui te tiens dans les fentes du rocher,
Qui te caches dans les parois escarpées,
Fais-moi voir ta figure,
Fais-moi entendre ta voix;
Car ta voix est douce, et ta figure est agréable.

Prenez-nous les renards,
Les petits renards qui ravagent les vignes;
Car nos vignes sont en fleur.
Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui;
Il fait paître son troupeau parmi les lis.

Avant que le jour se rafraîchisse,
Et que les ombres fuient,
Reviens!... sois semblable, mon bien-aimé,
A la gazelle ou au faon des biches,
Sur les montagnes qui nous séparent.

(2.10 à 2.17)



samedi 12 mai 2012

POUR ANNONCER LE PRINTEMPS * RONDEAU par Charles d'Orléans


LE TEMPS A LAISSE SON MANTEAU
DE VENT, DE FROIDURE ET DE PLUIE,
ET S'EST VÊTU DE BRODERIE,
DE SOLEIL LUISANT, CLAIR ET BEAU;

IL N'Y A BÊTE NI OISEAU
QU'EN SON JARGON NE CHANTE OU CRIE :
LE TEMPS A LAISSE SON MANTEAU !

RIVIERE, FONTAINE ET RUISSEAU
PORTENT, EN LIVREE JOLIE,
GOUTTES D'ARGENT D'ORFEVRERIE,
CHACUN S'HABILLE DE NOUVEAU :
LE TEMPS A LAISSE SON MANTEAU.

samedi 5 mai 2012

JE CONNAIS DES BATEAUX






Je connais des bateaux qui restent dans le port
De peur que les courants les entraînent trop fort,
Je connais des bateaux qui rouillent dans le port
A ne jamais risquer une voile au dehors.

Je connais des bateaux qui oublient de partir
Ils ont peur de la mer à force de vieillir,
Et les vagues, jamais, ne les ont séparés,
Leur voyage est fini avant de commencer.

Je connais des bateaux tellement enchaînés
Qu'ils en ont désappris comment se regarder,
Je connais des bateaux qui restent à clapoter
Pour être vraiment surs de ne pas se quitter.

Je connais des bateaux qui s'en vont deux par deux
Affronter le gros temps quand l'orage est sur eux,
Je connais des bateaux qui s'égratignent un peu
Sur les routes océanes où les mènent leurs jeux.

Je connais des bateaux qui n'ont jamais fini
De s'épouser encore chaque jour de leur vie,
Et qui ne craignent pas, parfois, de s'éloigner
L'un de l'autre un moment pour mieux se retrouver.

Je connais des bateaux qui reviennent au port
Labourés de partout mais plus graves et plus forts,
Je connais des bateaux étrangement pareils
Quand ils ont partagé des années de soleil.

Je connais des bateaux qui reviennent d'amour
Quand ils ont navigué jusqu'à leur dernier jour,
Sans jamais replier leurs ailes de géants
Parce qu'ils ont le cœur à taille d'océan.

Marie-Annick Rétif