samedi 18 mai 2013

PRIERE DES MALADES

PRIERE DES MALADES
Seigneur, toi symbole d'amour et de paix
    Donne à ceux qui souffrent un peu de sérénité.
Donne leur, Seigneur, la force et le courage,
Sois leur lumière, leur éclairage
Dans la tourmente qu'ils traversent
Avec leurs corps que la souffrance oppresse.

Donne leur, Seigneur, un peu d'espérance,
Un brin d'espoir, une seconde chance.
Ne les abandonne pas à leur triste sort
Qui ne peut les mener que jusqu'à la mort.

Donne leur, Seigneur, l'envie de rire, l'envie de vivre
Ou pour le moins l'envie de survivre.
Donne leur, Seigneur, la volonté de guérir
Même si par moments il faut souffrir.

Donne leur, Seigneur, la patience
De saisir cette seconde chance
Que dans ta plénitude tu vas leur offrir
Pour que la santé ils puissent reconquérir.
Donne leur, Seigneur, la force d'accepter le traitement
Qui parfois les épuise et les ronge terriblement.
Donne à leurs corps l'espoir d'une renaissance
Pour qu'ils ne sombrent pas dans la déchéance.
   

Donne à leurs âmes l'envie de combattre
Pour que dans l'oubli ils ne se laissent abattre.
Donne leur, Seigneur, l'allégresse et la joie
De croire et de vivre en bénissant ta Foi.
Donne leur, Seigneur, ce qu'il te reste,
Montre nous la voie d'un simple geste.
Pardon, Seigneur, de demander tout cela
Pour parvenir jusqu'à l'au delà
Car tu as déjà tant donné à l'humanité
Mais je le fais en toute humilité.

vendredi 10 mai 2013

JE TRAHIRAI DEMAIN par Marianne COHN

Marianne Cohn

Marianne Cohn, (1922 – 1944). Résistante allemande, arrêtée puis torturée et exécutée par la Gestapo à Annemasse pour avoir conduit des enfants juifs vers la Suisse.<br />
© Rue des Archives / Tal
 Marianne Cohn, (1922 – 1944). Résistante allemande, arrêtée puis torturée et exécutée par la Gestapo à Annemasse pour avoir conduit des enfants juifs vers la Suisse.
Marianne Cohn est née à Mannheim en 1922, dans une famille d’universitaires de gauche d’origine juive mais plutôt détachée de la tradition juive et fortement assimilée. Cette famille est bouleversée par l’irruption du nazisme. Entre 1934 et 1944, elle connaît plusieurs exils : la famille part pour l’Espagne, Marianne et sa sœur sont envoyées à Paris.
Dès 1941, la jeune Marianne entre en résistance puis participe à la construction du MJS (mouvement de la jeunesse sioniste). De septembre 1942 à janvier 1944, sous le pseudonyme de Colin, elle a pour tâche de faire passer des enfants juifs vers la Suisse. Arrêtée en 1943, elle est relâchée au bout de trois mois. C’est de cette période que l’on date – sans en être absolument sûr – la composition du poème « Je trahirai demain ».
Le 31 mai 1944, elle est à nouveau arrêtée à Annemasse (probablement dénoncée) alors qu’elle a en charge une trentaine d’enfants et que seulement 200 mètres les séparent de la frontière suisse. Malgré la torture, elle ne livre aucune information à la Gestapo et refuse la proposition d’évasion de son réseau par crainte des représailles sur les enfants.
Emmenée dans la nuit du 7 au 8 juillet 1944 par la Gestapo, elle est assassinée à coups de bottes.


« Je trahirai demain »


Je trahirai demain pas aujourd’hui.
Aujourd’hui, arrachez-moi les ongles,
Je ne trahirai pas.
Vous ne savez pas le bout de mon courage.
Moi je sais.
Vous êtes cinq mains dures avec des bagues.
Vous avez aux pieds des chaussures
Avec des clous.
Je trahirai demain, pas aujourd’hui,
Demain.
Il me faut la nuit pour me résoudre,
Il ne faut pas moins d’une nuit
Pour renier, pour abjurer, pour trahir.
Pour renier mes amis,
Pour abjurer le pain et le vin,
Pour trahir la vie,
Pour mourir.
Je trahirai demain, pas aujourd’hui.
La lime est sous le carreau,
La lime n’est pas pour le barreau,
La lime n’est pas pour le bourreau,
La lime est pour mon poignet.
Aujourd’hui je n’ai rien à dire,
Je trahirai demain.
Marianne Cohn, 1943

Sources :

Centre national de documentation pédagogique

Le CNDP, à la tête du réseau SCÉRÉN, propose un site de ressources pédagogiques et documentaires à destination de la communauté éducative, en faveur de la réussite des élèves.

http://www.cndp.fr




samedi 4 mai 2013

LES DEUX JARDINIERS par Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Les deux jardiniers
 
 
 
Deux frères jardiniers avaient par héritage
Un jardin dont chacun cultivait la moitié ;
Liés d'une étroite amitié,
Ensemble ils faisaient leur ménage.
       

L'un d'eux, appelé Jean, bel esprit, beau parleur,
Se croyait un très grand docteur ;
Et Monsieur Jean passait sa vie
A lire l'almanach, à regarder le temps
Et la girouette et les vents.
       

Bientôt, donnant l'essor à son rare génie,
Il voulut découvrir comment d'un pois tout seul
Des milliers de pois peuvent sortir si vite ;
Pourquoi la graine du tilleul,
Qui produit un grand arbre, est pourtant plus petite
Que la fève qui meurt à deux pieds du terrain ;
Enfin par quel secret mystère
Cette fève qu'on sème au hasard sur la terre

Sait se retourner dans son sein,
Place en bas sa racine et pousse en haut sa tige.
       

Tandis qu'il rêve et qu'il s'afflige
De ne point pénétrer ces importants secrets,
Il n'arrose point son marais ;
Ses épinards et sa laitue
Sèchent sur pied ; le vent du nord lui tue
Ses figuiers qu'il ne couvre pas.
Point de fruits au marché, point d'argent dans la bourse ;
Et le pauvre docteur, avec ses almanachs,
N'a que son frère pour ressource.
       

Celui-ci, dès le grand matin,
Travaillait en chantant quelque joyeux refrain,
Bêchait, arrosait tout du pêcher à l'oseille.
Sur ce qu'il ignorait sans vouloir discourir,
Il semait bonnement pour pouvoir recueillir.
       

Aussi dans son terrain tout venait à merveille ;
Il avait des écus, des fruits et du plaisir.
Ce fut lui qui nourrit son frère ;
Et quand Monsieur Jean tout surpris
S'en vint lui demander comment il savait faire :
Mon ami, lui dit-il, voici tout le mystère :
Je travaille, et tu réfléchis ;
Lequel rapporte davantage ?
Tu te tourmentes, je jouis ;
Qui de nous deux est le plus sage ?