samedi 28 septembre 2013

LE CHAT BOURGEOIS par Jean ANOUILH - Fables

 
 
Le chat bourgeois
 
Un chat tuait sans vrai désir.
C'était un chat très riche et il n'avait pas faim
Il faut bien se distraire enfin :
Chat bourgeois a tant de loisirs....
On ne peut pas toujours dormir sur un coussin.

De souris, il ne mangeait guère ;
Son pedigree fameux l’ayant mis au dessus
Des nourritures du vulgaire.
Son régime était strict. Cet immeuble cossu,
En outre visité, à des dates périodiques,
Par les services de la dératisation,
Gens aux procédés scientifiques,
Tuant sans joie ni passion,
Au nom de I’administration,
De rat, de vrai bon rat, qui fuit et qu’on rattrape
Négligemment, ne le tuant qu’à petits coups
Sans tuer son espoir - vrai plaisir de satrape -
Il n'y en avait plus du tout
Avec leurs poisons et leurs trappes.
Restaient quelques moineaux bêtes et citadins,
Race ingrate
Qu’on étendait d'un coup de patte :
Assez misérable fretin.
Oubliant les rats,
L’employé du service d'hygiène ne vint pas.
On l'avait convoqué
Sur une autre frontière.
Pour tuer cette fois des hommes. Et la guerre,
Approchant à grands pas des quartiers élégants,
Les maîtres de mon chat durent fuir sans leurs gants,
En un quart d'heure, sur les routes incertaines.
Dans l'impérieux souci de sauver leur bedaine
Ils oublièrent tout, les bonnes et le chat.
Les bonnes changèrent d'état.
Loin de Madame, violées par des militaires,
Elles si réservées, elles se révélèrent
Putains de beaucoup de talent.
Leur train de vie devint tout à coup opulent
Et elles prirent une bonne.
Après un temps de désarroi,
Le chat, devenu chat, comprit qu’il était roi;
Que la faim est divine et que la lutte est bonne.
D'un oeil blanc, d'une oreille arrachée aux combats
Dont il sorti vainqueur contre les autres chats,
Il paya ses amours royales sous la lune.
Sans régime et sans soin, ne mangeant que du rat
Il perdit son poil angora
Qui ne tenait qu’à sa fortune
Et auquel il ne tenait pas;
Il y gagna la mine altière
Et l’orgueil des chats de gouttière,
Et bénit à jamais la guerre
Qui offre aux chats maigris des chattes et des rats.

Jamais ce que l'on vous donne
Ne vaudra ce que l'on prend
Avec sa griffe et sa dent.
La vie ne donne à personne.

Jean Anouilh, Fables.

samedi 14 septembre 2013

ACCORDS BRISES par Annie DAVID


Accords brisés

 Je suis une portée à l'armure encombrée
Quelques demis soupirs et des moderati
Modifient d'emblée l'allure de ma vie,
Mais sur cette portée
Rien , tu n'as rien écrit.
Je suis cette portée qui attendait l'amour comme une symphonie,
Qui, vierge d'impression et prête à la folie
Aurait pu, sous tes doigts, révéler ton génie...
Je suis cette portée où tu n'as rien écrit.
J'aurais pu m'assagir, berceuse et maternelle,
Chanter un choeur de femmes et que ma joie demeure,
Sur un piano ouvert comme un oiseau de nuit
J'aurais posé des rêves et des accords brisés,
Ces gouttes cristallines dans le coeur de tes nuits,
Ces rosées que l'on cueille par les matins de lune,
Ces mystères à la clé et ces temps suspendus
Où même le silence est encore musique...
Sur mes lignes trop droites,
Tu n'as pas su oser
Je suis cette portée
Où tu n'as pas écrit.
Annie DAVID
Reproduction interdite

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samedi 7 septembre 2013

PRIERE POUR LA PAIX

 
 
PRIÈRE POUR LA PAIX.
 
Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix.
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.

O Seigneur, que je ne cherche pas tant
à être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’à aimer.

Car c’est en se donnant que l’on reçoit,
c’est en oubliant qu’on se retrouve soi-même,
c’est en pardonnant que l’on obtient le pardon,
c’est en mourant que l’on ressuscite à la Vie.
Amen.