vendredi 31 décembre 2010

SEULS LES HOMMES PASSENT

Je n'ai pas aimé 2010
Puis-je espérer en 2011 ?
Pourtant samedi succédera à vendredi
Quelle différence entre ces deux matins ?
Comme le premier jour de classe
Où le maître nous embarquait sur un navire
Qui devait nous faire découvrir mille rivages
Ce samedi est le prélude à des jours et des jours
Qui ne dévoileront leur avenir qu'au temps présent
On ne sait que me dire meilleurs voeux
Sans pouvoir m'offrir des moments d'éternité
N'osant me promettre félicité et bonheur
Refusant ces promesses que l'on ne sait pouvoir tenir
Espérant le meilleur du passé dans cet avenir incertain
Je vois cette année comme une montagne abrupte
Le ciel est bleu, le soleil ardent sur des neiges instables
En une ascension où jamais il ne faut regarder en arrière
De peur de choir dans un grand cri dans le néant
Jour après jour, heure après heure, je vois les humains
Se mouvoir sur un théâtre d'ombres et de lumières
S'éloignant du temps où j'ai ouvert les yeux à la vie
Se rapprochant du temps où mes yeux vont se clore
Mais désir intense de vivre mille vies, mille ans
Sachant pourtant que l'éternité ne pourrait être supportée
Car sur cette terre, trésor offert à notre avidité
Le lion, la baleine, le rossignol et mille et mille autres espèces
Possèdent aussi cette envie de vivre, de croître et multiplier
Avec cet espoir insensé de courir dans la savane, de fendre les océans
Et de charmer les forêts et le ciel.
En cette fin de journée d'un temps créé par l'Homme
Les douze coups de minuit ouvriront les portes d'un temps 
Qui murmurera que seuls les Hommes passent

Daniel MEINDRE le 31/12/2010 - 19h03 



samedi 18 décembre 2010

NOËL : CADEAU -


Un cadeau que je désire vous offrir à quelques jours de Noël....Cette crèche a été rapportée de Côte d'Ivoire voici plus de 30 ans par mon oncle et ma tante (cette dernière originaire de Saint Jean de Maurienne) qui ont vécu plus de 20 ans en pleine forêt ivoirienne, avec les ivoiriens, travaillant et vivant avec eux. Quand ils sont revenus en France, ils ont laissé une partie de leur coeur en Côte d'Ivoire.

Je ne comprends pas les hommes, dit Dieu :
Tous s'apprêtent à fêter Noêl
et si peu pensent à mon Fils !

Noël est pourtant la fête de mon Fils, ou bien ?
Et eux, les hommes, pas tous, mais la plupart,
font de Noël leur fête à eux.

Ils mangent et boivent en famille,
Ils se font des cadeaux.
Je veux bien qu'ils se fassent des cadeaux,
et demande même qu'ils en reçoivent.
Mais qu'ils n'oublient pas le cadeau extraordinaire
que moi, Père, je leur ai fait de mon Fils unique.

A-t-on jamais vu un père donner son fils en cadeau ?
J'ai fait don de mon Fils aux hommes qui se perdaient,
parce que mon amour pour eux
ne voyait pas d'autre moyen de les sauver.

J'ai bien le droit de demander qu'à Noël
les hommes pensent moins à leurs cadeaux à eux
et davantage à mon cadeau à moi,
Et je sais à quel point cela vaudrait mieux pour eux.

Il faut être raisonnable, dit Dieu :
ou bien fêter Noël et recevoir mon Fils, obéir à mon Fils,
ou bien ne pas recevoir mon Fils,
mais alors ne pas fêter Noël.

Il faut être raisonnable, dit Dieu.

Texte publié sur  http://www.prier.be/

dimanche 12 décembre 2010

LES SAPINS par Guillaume APOLLINAIRE


Les sapins en bonnets pointus
De longues robes revêtus
Comme des astrologues
Saluent leurs frères abattus
Les bateaux qui sur le Rhin voguent

Dans les sept arts endoctrinés
Par les vieux sapins leurs aînés
Qui sont de grands poètes
Ils se savent prédestinés
A briller plus que des planètes

A briller doucement changés
En étoiles et enneigés
Aux Noëls bienheureuses
Fêtes des sapins ensongés
Aux longues branches langoureuses

Les sapins beaux musiciens
Chantent des noëls anciens
Au vent des soirs d'automne
Ou bien graves magiciens
Incantent le ciel quand il tonne

Des rangées de blancs chérubins
Remplacent l'hiver les sapins
Et balancent leurs ailes
L'été ce sont de grands rabbins
Ou bien de vieilles demoiselles

Sapins médecins divagants
Ils vont offrant leurs bons onguents
Quand la montagne accouche
De temps en temps sous l'ouragan
Un vieux sapin geint et se couche

Guillaume Apollinaire - Alccols (1913)
Editions Gallimard;

Source : Revue VIRGULE
Site internet : http://www.virgule-mag.com
Une revue remarquable pour les 10/15 ans - Le magazine de Français et de Littérature - mais je dois avouer qu'elle est remarquable pour les adultes aussi par la qualité de ces textes - Le dernier numéro de décembre 2010 N°80 que vous pouvez aussi trouver chez votre point-presse analyse : PETER PAN l'enfant qui ne voulait pas grandir.

dimanche 5 décembre 2010

LE PETIT PRINCE par Antoine de SAINT EXUPERY

- Bonjour, dit le Petit Prince.
- Bonjour, dit le marchand.
C'était un marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif.
On en avale une par semaine et l'on n'éprouve plus le besoin de boire.
- Pourquoi vends-tu ça ? dit le Petit Prince.
- C'est une grosse économie de temps, dit le marchand.
Les experts font des calculs.
On épargne cinquante-trois minutes par semaine.
- Et que fait-on des cinquante-trois minutes ?
- On en fait ce que l'on veut.
- Moi, se dit le Petit Prince, si j'avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine.....