dimanche 29 décembre 2013

PRENDRE ET/OU DONNER par Guy Gilbert - Mes plus belles prières -


PRENDRE ET/OU DONNER
 
C'est l'histoire d'un homme
Qui était fatigué de pleurer.
 
Il regarda autour de lui
Et voyant que le bonheur était là,
Il étendit la main pour le prendre.
 
C'était une fleur.
Il la cueillit.
Mais, à peine dans sa main, elle s'effeuilla.
 
C'était un rayon de soleil.
Il leva les yeux pour en être éclairé,
Et, derrière un nuage, la lumière s'éteignit.
 
C'était une guitare.
Il la caressa des doigts.
Elle grinça.
Et ce soir-là, en rentrant,
Cet homme pleura encore.
 
Le lendemain, il recommença.
Sur le chemin, un enfant gémissait.
Il voulut le consoler,
Prit une fleur et la lui donna.
Et le parfum de cette fleur
L'embauma, lui aussi.
 
Une pauvre femme grelottait sous ses haillons.
Il la conduisit au soleil,
Et lui aussi s'y réchauffa.
 
Un groupe de jeunes chantait.
De sa guitare, il les soutint,
Et lui-même fut bercé par la mélodie.
 
Ce soir-là en rentrant,
Cet homme souriait.
 
Mes plus belles prières - Guy Gilbert -Editions Philippe Rey - 2008.



dimanche 8 décembre 2013

8 DECEMBRE JOURNEE DES LUMIERES EN HOMMAGE A LA VIERGE MARIE



Regardez l'étoileAuteur : Saint Bernard
Lorsque vous assaillent les vents des tentations,
lorsque vous voyez paraître les écueils du malheur,
regardez l'étoile, invoquez Marie.


Si vous êtes ballotés sur les vagues de l'orgueil,
de l'ambition, de la calomnie, de la jalousie,
regardez l'étoile, invoquez Marie.

Si la colère, l'avarice, les séductions charnelles
viennent secouer la légère embarcation de votre âme,
levez les yeux vers Marie...


Dans le péril, l'angoisse, le doute,
pensez à Marie, invoquez Marie.
Que son nom ne quitte pas vos lèvres ni vos coeurs !

Et pour obtenir son intercession,
ne vous détournez pas de son exemple.
En la suivant, ne vous égarez pas.
En la suppliant, vous ne connaîtrez pas le désespoir.

En pensant à elle, vous éviterez toute erreur.
Si elle vous soutient, vous ne sombrerez pas;
si elle vous protège, vous n'aurez rien à craindre;
sous sa conduite vous ignorerez la fatigue;
grâce à sa faveur, vous atteindrez le but.

samedi 30 novembre 2013

UN CHANT D'AMOUR par Jacques BREL à Maddly

 
 
 
 
 
 
 
Maddly
Sous le vent des îles, je t’ai dit parfois
Que je ne croyais plus en rien
Mais le soleil brûlait ma peau
Et mon corps me faisait mal
...
Sur ton corps que j’ai aimé
L’amour était mon repos
Et mon âme embrasée
Par ton parfum chaud

Le ciel était torride, les oiseaux volaient bas
Quand je me suis éteint au dernier bruit de l’eau,
Mais je suis éternel quand je suis près de toi

Sous le vent balayé comme un cheval de trait
J’ai vécu près de toi mes derniers jours de vie
Et te donnant la vie sans te laisser la vie

Mais je suis au zénith, tu perpétues ma route
Et je te ferai vivre encore et très longtemps
Par mon seul souvenir ce qui nous a unis

Et plus tard, quand tu viendras vers moi
C’est au soleil de notre île embrasée
Que je t’ouvrirai mes bras

Oui, tu leur diras

Oui, tu leur diras que l’amour existe et qu’il a toujours un après
Il faut s’aimer très fort et ça ne s’apprend pas.
On a vingt ans, trente ans et puis un jour soixante
Et pour s’aimer toujours, toi tu leur diras
Ça ne s’apprend pas
Ça ne s’apprend pas
Il y a d’abord l’aube dans le lointain des jours
Des corps qui se désirent comme de jeunes loups
Affamés et rompus au rythme de l’amour

Puis les serments du temps qui au fil des jours
S’effritent comme le mur que lézarde le temps
Des temps qui se retrouvent, des temps qui s’effilochent
On a peur, on se traque et pourtant…

Toi, tu leur diras que l’amour existe
Et qu’il y a toujours un après
Un temps où l’on se voit comme on est
Un temps où l’on se reconnaît
Et où l’on se rend grâces d’avoir survécu au naufrage du temps
À la grâce de Dieu qui nous a donné la vue
L’amour aveugle que d’autres ont ignoré

Toi, tu leur diras que l’on peut aimer
Que si le corps se lasse il y a d’autres vertus
Pour un prince des ténèbres qui a pu nous tenter
Combien de tendresse, combien de déchirements

Mais pour aimer, il faut être un enfant
Il faut tant de candeur, tant d’étonnement
Oui, tu leur diras que le bateau appartient à l’écume
Et l’écume au port
Où l’on revient toujours…

~ Jacques Brel

dimanche 10 novembre 2013

DE PROFUNDIS - Hommage aux Poilus de la Grande Guerre


Ce poème a été écrit par Jean-Marc BERNARD - Né à Valence-sur-Rhône le 4 décembre 1881 - Anéanti par un obus entre Souchez et le Cabaret Rouge le 5 juillet 1915.
 
Il sera lu par des enfants des écoles primaires de Saint Jean de Maurienne devant la Mairie de Saint Jean de Maurienne le 11 Novembre 2013.
 
DE PROFUNDIS.

Du plus profond de la tranchée,
Nous élevons les mains vers vous,
Seigneur ! Ayez pitié de nous
Et de notre âme desséchée !
 
Car plus encor que notre chair,
Notre âme est lasse et sans courage.
Sur nous s'est abattu l'orage
Des eaux, de la flamme et du fer.
 
Vous nous voyez couverts de boue,
Déchirés, hâves et rendus....
Mais nos cœurs, les avez-vous vus ?
Et faut-il mon Dieu, qu'on l'avoue ?
 
Nous sommes si privés d'espoir,
La paix est toujours si lointaine,
Que parfois nous savons à peine
Où se trouve notre devoir.
 
Eclairez-nous dans ce marasme,
Réconfortez-nous, et chassez
L'angoisse des cœurs harassés ;
Ah ! rendez-nous l'enthousiasme !
 
Mais aux Morts, qui tous ont été
Couchés dans la glaise ou le sable,
Donnez le repos ineffable,
Seigneur ! Ils l'ont bien mérité ! 
 
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samedi 2 novembre 2013

PENSEES POSITIVES EN CE JOUR DE LA FETE DES MORTS



Trésors de la prière par Jean Humenry - Supplément du Pèlerin du 31 octobre 2013.



NE RESTEZ PAS AUTOUR DE MA TOMBE
NE RESTEZ PAS A PLEURER
NE RESTEZ PAS AUTOUR DE MA TOMBE.
NE RESTEZ PAS, JE M'EN SUIS ALLE.
ECOUTEZ-MOI, N'AYEZ PAS PEUR,
ET CROYEZ EN MOI : JE SUIS AILLEURS...
JE SUIS DANS LE MATIN
JE SUIS DANS LE SILENCE
JE SUIS SUR VOS CHEMINS
JE SUIS DANS L'ESPERANCE
JE SUIS DANS VOTRE COEUR
JE SUIS DANS VOTRE HISTOIRE
JE SUIS DANS VOS BONHEURS
JE SUIS DANS VOS MEMOIRES.

samedi 26 octobre 2013

PRIERE DES BÂTISSEURS DE CATHEDRALE (13ème Siècle)


 
Prière des Bâtisseurs de Cathédrale (13°Siècle)
 par La Communauté Paroissiale de Dinan

Apprends-moi, Seigneur, à bien user du temps que tu me donnes pour travailler et à bien l’employer sans rien en perdre.
Apprends-moi à tirer profit des erreurs passées sans tomber dans le scrupule qui ronge.
Apprends-moi à prévoir le plan sans me tourmenter, à imaginer l’œuvre sans me désoler si elle jaillit autrement.
Apprends-moi à unir la hâte et la lenteur, la sérénité et la ferveur, le zèle et la paix.
Aide -moi au départ de l’ouvrage, là où je suis le plus faible.
Aide-moi au cœur du labeur à tenir serré le fil de l’attention.
Et surtout comble Toi-même les vides de mon œuvre.
Seigneur, dans tout labeur de mes mains laisse une grâce de Toi pour parler aux autres et un défaut de moi pour me parler à moi-même.
Garde en moi l’espérance de la perfection, sans quoi je perdrais cœur.
Garde-moi dans l’impuissance de la perfection, sans quoi je me perdrais d’orgueil. Purifie mon regard : quand je fais mal, il n’est pas sûr que ce soit mal et quand je fais bien, il n’est pas sûr que ce soit bien Seigneur, ne me laisse jamais oublier que tout savoir est vain.
Et que tout travail est vide sauf là où il y a amour.
Et que tout amour est creux qui ne me lie pas à moi-même et aux autres et à Toi Seigneur, enseigne-moi à prier avec mes mains, mes bras et toutes mes forces.
Rappelle-moi que l’ouvrage de ma main t’appartient et qu’il m’appartient de te le rendre en le donnant.
Que si je fais par goût du profit, comme un fruit oublié je pourrirai à l’automne. Que si je fais pour plaire aux autres, comme la fleur de l’herbe je fanerai au soir. Mais si je fais pour l’amour du bien je demeurerai dans le bien.
Et le temps de faire bien et à ta gloire, c’est tout de suite.
Amen

 

samedi 19 octobre 2013

UN POEME SUR L'AMOUR FOU PAR GUY DE MAUPASSANT


 
 
L'affinité des chairs

 

Je ne l'entendais pas, tant je la regardais

Par sa robe entr'ouverte, au loin je me perdais,

Devinant les dessous et brûlé d'ardeurs folles :

Elle se débattait, mais je trouvai ses lèvres !

Ce fut un baiser long comme une éternité

Qui tendit nos deux corps dans l'immobilité

Elle se renversa, râlant sous ma caresse ;

Sa poitrine oppressée et dure de tendresse

Haletait fortement avec de longs sanglots.

Sa joie était brûlante et ses yeux demi-clos ;

Et nos bouches, et nos sens, nos soupirs se mêlèrent

Puis, dans la nuit tranquille où la campagne dort,

Un cri d'amour monta, si terrible et si fort

Que des oiseaux dans l'ombre effarés s'envolèrent

Ainsi que deux forçats rivés aux mêmes fers

Un lien nous tenait, l'affinité des chairs.

 

Guy de Maupassant  (1850 - 1893),

dimanche 13 octobre 2013

DU PLAISIR DE LIRE


 
 
 
Lire, c'est boire et manger. L'esprit qui ne lit pas maigrit comme le corps qui ne mange pas.
Victor Hugo

Quelle citation appropriée pour tous les amoureux du livre et je sais qu'ils sont nombreux à partager ce plaisir chaque jour renouvelé.
Combien de mots expriment cet amour du livre : on le déguste, on le savoure, on effleure sa couverture, on le gobe des yeux, on le choisit comme le trésor le plus précieux, on déteste quand il nous déçoit, on est triste quand au bout de quelques pages on l’abandonne, on est triste aussi quand la dernière page clôt une histoire qui nous avait transporté dans un autre monde, on a du mal à le prêter comme si nous commettions une infidélité, on préfère l’offrir, enveloppé d’un papier cadeau, qui laissera à celle ou à celui qui le recevra ce plaisir ineffable de l’enlever, de le découvrir, et nous espérons toujours retrouver dans ses yeux l’émerveillement que nous avions ressenti.

Un lien quasi physique avec les personnages, certains provoquent en nous la haine et d’autres l’amour, on rentre dans leur univers, on voudrait survoler les pages afin d’en connaître le dénouement, on peut ne pas aimer la conclusion quand elle ne correspond pas à notre attente, on crée dans notre imaginaire la rue pavée où résonne des pas inquiétants, le salon où virevoltent des femmes et des hommes dont le destin se noue, l’océan dans toute sa fureur, la montagne avec ses drames, la guerre avec toutes ses horreurs.
 Il suffit de regarder une lectrice ou un lecteur pour savoir ce qu'elle ou ce qu'il ressent.

Vous, madame, vous monsieur,  qui rencontrez l’écrivain au gré d'un salon ou d'une dédicace vous ressentez ce plaisir intense de mettre sur les mots le visage de celui ou de celle qui les a écrits, ce désir de lui poser des questions et d’obtenir sur la page de garde une phrase amicale qui vous donnera la sensation de détenir une part de l’âme de l’auteur.

Rien n’est plus intime qu'un livre que l'on quitte avec des rêves pleins les yeux !

Daniel Meindre

 

samedi 5 octobre 2013

IL PLEURE DANS MON COEUR COMME IL PLEUT SUR LA VILLE

Il PLEURE DANS MON COEUR

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !
 
Paul Verlaine

samedi 28 septembre 2013

LE CHAT BOURGEOIS par Jean ANOUILH - Fables

 
 
Le chat bourgeois
 
Un chat tuait sans vrai désir.
C'était un chat très riche et il n'avait pas faim
Il faut bien se distraire enfin :
Chat bourgeois a tant de loisirs....
On ne peut pas toujours dormir sur un coussin.

De souris, il ne mangeait guère ;
Son pedigree fameux l’ayant mis au dessus
Des nourritures du vulgaire.
Son régime était strict. Cet immeuble cossu,
En outre visité, à des dates périodiques,
Par les services de la dératisation,
Gens aux procédés scientifiques,
Tuant sans joie ni passion,
Au nom de I’administration,
De rat, de vrai bon rat, qui fuit et qu’on rattrape
Négligemment, ne le tuant qu’à petits coups
Sans tuer son espoir - vrai plaisir de satrape -
Il n'y en avait plus du tout
Avec leurs poisons et leurs trappes.
Restaient quelques moineaux bêtes et citadins,
Race ingrate
Qu’on étendait d'un coup de patte :
Assez misérable fretin.
Oubliant les rats,
L’employé du service d'hygiène ne vint pas.
On l'avait convoqué
Sur une autre frontière.
Pour tuer cette fois des hommes. Et la guerre,
Approchant à grands pas des quartiers élégants,
Les maîtres de mon chat durent fuir sans leurs gants,
En un quart d'heure, sur les routes incertaines.
Dans l'impérieux souci de sauver leur bedaine
Ils oublièrent tout, les bonnes et le chat.
Les bonnes changèrent d'état.
Loin de Madame, violées par des militaires,
Elles si réservées, elles se révélèrent
Putains de beaucoup de talent.
Leur train de vie devint tout à coup opulent
Et elles prirent une bonne.
Après un temps de désarroi,
Le chat, devenu chat, comprit qu’il était roi;
Que la faim est divine et que la lutte est bonne.
D'un oeil blanc, d'une oreille arrachée aux combats
Dont il sorti vainqueur contre les autres chats,
Il paya ses amours royales sous la lune.
Sans régime et sans soin, ne mangeant que du rat
Il perdit son poil angora
Qui ne tenait qu’à sa fortune
Et auquel il ne tenait pas;
Il y gagna la mine altière
Et l’orgueil des chats de gouttière,
Et bénit à jamais la guerre
Qui offre aux chats maigris des chattes et des rats.

Jamais ce que l'on vous donne
Ne vaudra ce que l'on prend
Avec sa griffe et sa dent.
La vie ne donne à personne.

Jean Anouilh, Fables.

samedi 14 septembre 2013

ACCORDS BRISES par Annie DAVID


Accords brisés

 Je suis une portée à l'armure encombrée
Quelques demis soupirs et des moderati
Modifient d'emblée l'allure de ma vie,
Mais sur cette portée
Rien , tu n'as rien écrit.
Je suis cette portée qui attendait l'amour comme une symphonie,
Qui, vierge d'impression et prête à la folie
Aurait pu, sous tes doigts, révéler ton génie...
Je suis cette portée où tu n'as rien écrit.
J'aurais pu m'assagir, berceuse et maternelle,
Chanter un choeur de femmes et que ma joie demeure,
Sur un piano ouvert comme un oiseau de nuit
J'aurais posé des rêves et des accords brisés,
Ces gouttes cristallines dans le coeur de tes nuits,
Ces rosées que l'on cueille par les matins de lune,
Ces mystères à la clé et ces temps suspendus
Où même le silence est encore musique...
Sur mes lignes trop droites,
Tu n'as pas su oser
Je suis cette portée
Où tu n'as pas écrit.
Annie DAVID
Reproduction interdite

he !

samedi 7 septembre 2013

PRIERE POUR LA PAIX

 
 
PRIÈRE POUR LA PAIX.
 
Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix.
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.

O Seigneur, que je ne cherche pas tant
à être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’à aimer.

Car c’est en se donnant que l’on reçoit,
c’est en oubliant qu’on se retrouve soi-même,
c’est en pardonnant que l’on obtient le pardon,
c’est en mourant que l’on ressuscite à la Vie.
Amen.

dimanche 4 août 2013

L'ENFANT par Jules Vallès - LE PAIN -

L'Enfant

Par Jules Vallès

Œuvre du domaine public.
   
 
 
La porte de Pannesac.
Elle est en pierre, cette porte, et mon père me dit même que je puis me faire une idée des monuments romains en la regardant.
J’ai d’abord une espèce de vénération, puis ça m’ennuie ; je commence à prendre le dégoût des monuments romains.
Mais la rue !... Elle sent la graine et le grain.
Les culasses de blé s’affaissent et se tassent comme des endormis, le long des murs. Il y a dans l’air la poussière fine de la farine et le tapage des marchés joyeux. C’est ici que les boulangers ou les meuniers, ceux qui font le pain, viennent s’approvisionner.
J’ai le respect du pain.
Un jour je jetais une croûte, mon père est allé la ramasser. Il ne m’a pas parlé durement comme il le fait toujours.
« Mon enfant, m’a-t-il dit, il ne faut pas jeter le pain ; c’est dur à gagner. Nous n’en avons pas trop pour nous ; mais si nous en avions trop, il faudrait le donner aux pauvres. Tu en manqueras peut-être un jour, et tu verras ce qu’il vaut. Rappelle-toi ce que je te dis là, mon enfant ! »Je ne l’ai jamais oublié.
Cette observation, qui, pour la première fois peut-être dans ma vie de jeunesse, me fut faite sans colère, mais avec dignité, me pénétra jusqu’au fond de l’âme ; et j’ai eu le respect du pain depuis lors.
Les moissons m’ont été sacrées, je n’ai jamais écrasé une gerbe, pour aller cueillir un coquelicot ou un bluet ; jamais je n’ai tué sur sa tige la fleur du pain !
Ce qu’il me dit des pauvres me saisit aussi et je dois peut-être à ces paroles, prononcées simplement ce jour-là, d’avoir toujours eu le respect, et toujours pris la défense de ceux qui ont faim.
« Tu verras ce qu’il vaut. »Je l’ai vu.
Aux portes des allées sont des mitrons en jupes comme des femmes, jambes nues, petite camisole bleue sur les épaules.
Ils ont les joues blanches comme de la farine et la barbe blonde comme de la croûte.
Ils traversent la rue pour aller boire une goutte, et blanchissent, en passant, une main d’ami qu’ils rencontrent, ou une épaule de monsieur qu’ils frôlent.
Les patrons sont au comptoir, où ils pèsent les miches, et eux aussi ont des habits avec des tons blanchâtres, ou couleur de seigle. Il y a des gâteaux, outre les miches, derrière les vitres : des brioches comme des nez pleins, et des tartelettes comme du papier mou.

dimanche 7 juillet 2013

LA SAINTE CHAPELLE * UN JOYAU ARCHITECTURAL *

Lors du pèlerinage effectué à Paris entre le 10 et le 12 juin la visite de la Sainte Chapelle fut l'un des moments forts de ces trois journées.
 
....Afin d'abriter les reliques de la Passion du Christ achetées à l'Empereur de Byzance, Saint-Louis décida d'édifier la Sainte Chapelle. Cet édifice-reliquaire constitue un joyau de l'architecture gothique rayonnante. Erigé en 6 ans, il fut achevé en 1248......