samedi 26 octobre 2013

PRIERE DES BÂTISSEURS DE CATHEDRALE (13ème Siècle)


 
Prière des Bâtisseurs de Cathédrale (13°Siècle)
 par La Communauté Paroissiale de Dinan

Apprends-moi, Seigneur, à bien user du temps que tu me donnes pour travailler et à bien l’employer sans rien en perdre.
Apprends-moi à tirer profit des erreurs passées sans tomber dans le scrupule qui ronge.
Apprends-moi à prévoir le plan sans me tourmenter, à imaginer l’œuvre sans me désoler si elle jaillit autrement.
Apprends-moi à unir la hâte et la lenteur, la sérénité et la ferveur, le zèle et la paix.
Aide -moi au départ de l’ouvrage, là où je suis le plus faible.
Aide-moi au cœur du labeur à tenir serré le fil de l’attention.
Et surtout comble Toi-même les vides de mon œuvre.
Seigneur, dans tout labeur de mes mains laisse une grâce de Toi pour parler aux autres et un défaut de moi pour me parler à moi-même.
Garde en moi l’espérance de la perfection, sans quoi je perdrais cœur.
Garde-moi dans l’impuissance de la perfection, sans quoi je me perdrais d’orgueil. Purifie mon regard : quand je fais mal, il n’est pas sûr que ce soit mal et quand je fais bien, il n’est pas sûr que ce soit bien Seigneur, ne me laisse jamais oublier que tout savoir est vain.
Et que tout travail est vide sauf là où il y a amour.
Et que tout amour est creux qui ne me lie pas à moi-même et aux autres et à Toi Seigneur, enseigne-moi à prier avec mes mains, mes bras et toutes mes forces.
Rappelle-moi que l’ouvrage de ma main t’appartient et qu’il m’appartient de te le rendre en le donnant.
Que si je fais par goût du profit, comme un fruit oublié je pourrirai à l’automne. Que si je fais pour plaire aux autres, comme la fleur de l’herbe je fanerai au soir. Mais si je fais pour l’amour du bien je demeurerai dans le bien.
Et le temps de faire bien et à ta gloire, c’est tout de suite.
Amen

 

samedi 19 octobre 2013

UN POEME SUR L'AMOUR FOU PAR GUY DE MAUPASSANT


 
 
L'affinité des chairs

 

Je ne l'entendais pas, tant je la regardais

Par sa robe entr'ouverte, au loin je me perdais,

Devinant les dessous et brûlé d'ardeurs folles :

Elle se débattait, mais je trouvai ses lèvres !

Ce fut un baiser long comme une éternité

Qui tendit nos deux corps dans l'immobilité

Elle se renversa, râlant sous ma caresse ;

Sa poitrine oppressée et dure de tendresse

Haletait fortement avec de longs sanglots.

Sa joie était brûlante et ses yeux demi-clos ;

Et nos bouches, et nos sens, nos soupirs se mêlèrent

Puis, dans la nuit tranquille où la campagne dort,

Un cri d'amour monta, si terrible et si fort

Que des oiseaux dans l'ombre effarés s'envolèrent

Ainsi que deux forçats rivés aux mêmes fers

Un lien nous tenait, l'affinité des chairs.

 

Guy de Maupassant  (1850 - 1893),

dimanche 13 octobre 2013

DU PLAISIR DE LIRE


 
 
 
Lire, c'est boire et manger. L'esprit qui ne lit pas maigrit comme le corps qui ne mange pas.
Victor Hugo

Quelle citation appropriée pour tous les amoureux du livre et je sais qu'ils sont nombreux à partager ce plaisir chaque jour renouvelé.
Combien de mots expriment cet amour du livre : on le déguste, on le savoure, on effleure sa couverture, on le gobe des yeux, on le choisit comme le trésor le plus précieux, on déteste quand il nous déçoit, on est triste quand au bout de quelques pages on l’abandonne, on est triste aussi quand la dernière page clôt une histoire qui nous avait transporté dans un autre monde, on a du mal à le prêter comme si nous commettions une infidélité, on préfère l’offrir, enveloppé d’un papier cadeau, qui laissera à celle ou à celui qui le recevra ce plaisir ineffable de l’enlever, de le découvrir, et nous espérons toujours retrouver dans ses yeux l’émerveillement que nous avions ressenti.

Un lien quasi physique avec les personnages, certains provoquent en nous la haine et d’autres l’amour, on rentre dans leur univers, on voudrait survoler les pages afin d’en connaître le dénouement, on peut ne pas aimer la conclusion quand elle ne correspond pas à notre attente, on crée dans notre imaginaire la rue pavée où résonne des pas inquiétants, le salon où virevoltent des femmes et des hommes dont le destin se noue, l’océan dans toute sa fureur, la montagne avec ses drames, la guerre avec toutes ses horreurs.
 Il suffit de regarder une lectrice ou un lecteur pour savoir ce qu'elle ou ce qu'il ressent.

Vous, madame, vous monsieur,  qui rencontrez l’écrivain au gré d'un salon ou d'une dédicace vous ressentez ce plaisir intense de mettre sur les mots le visage de celui ou de celle qui les a écrits, ce désir de lui poser des questions et d’obtenir sur la page de garde une phrase amicale qui vous donnera la sensation de détenir une part de l’âme de l’auteur.

Rien n’est plus intime qu'un livre que l'on quitte avec des rêves pleins les yeux !

Daniel Meindre

 

samedi 5 octobre 2013

IL PLEURE DANS MON COEUR COMME IL PLEUT SUR LA VILLE

Il PLEURE DANS MON COEUR

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !
 
Paul Verlaine