dimanche 28 octobre 2012

A QUELQUES JOURS DE LA FETE DES MORTS LE 2 NOVEMBRE 2012 UN TEXTE QUI NOUS AMENE A REFLECHIR SUR NOTRE PROPRE VIE : "Quand j'attendrai l'autre rive"

 
Quand j'attendrai l'autre rive
Auteur : Groupe de prière Jérusalem
Quand j’atteindrai l’autre rive,
Aurai-je été assez pauvre de coeur
pour avoir eu besoin de Toi ?
Aurai-je laissé mes vaines richesses
pour m’ouvrir à ta Parole ?

Quand j’atteindrai l’autre rive,
Aurai-je été assez doux et miséricordieux pour pardonner,
Pour ne pas me venger de celui qui m’a blessé,
Pour ne pas juger trop vite celui qui n’est pas comme moi ?

Quand j’atteindrai l’autre rive,
Aurai-je assez pleuré sur le sort d’une partie de l’humanité ?
Aurai-je été assez persécuté pour la justice ?
Aurai-je assez tenté d’ajuster notre monde
à ce que Tu attends de lui ?

Aurai-je été insulté pour Te défendre ?
Quand j’atteindrai l’autre rive,
Aurai-je gardé un coeur pur, droit, sans hypocrisie,
Qui observe ta loi d’amour et
qui ne cherche pas à se sauver sur le dos des autres ?

Quand j’atteindrai l’autre rive,
Aurai-je été un instrument de paix,
Pas un partisan de la paix,
Pas quelqu’un qui seulement condamne la guerre,
Mais qui construit la paix autour de soi,
Dans la famille, le boulot, le quartier, le pays ?

Ferai-je partie du cortège des Saints ?
Aurai-je part à Ton royaume ?
La question est ouverte.
D’une part, je ne me sens pas encore saint,
Pas encore prêt,
Trop loin encore de ce programme que Tu m’as fixé,
Mais d’autre part je connais ta bonté
Je sais que Tu nous veux tous avec Toi
Et je Te prie.

La vie devant moi est encore longue,
Ou courte, je ne sais pas,
Mais Tu peux me donner ton aide
Pour être un peu plus pauvre, doux,
pacifique, pur, miséricordieux.
Bref, j’ai besoin de Toi,
Ajuste moi à tes vues.
Soutiens mes efforts.
Si Tu entres dans ma vie dès aujourd’hui,
Je sais que mes chances seront plus grandes
D’habiter un jour avec Toi

samedi 20 octobre 2012

SI LE CHRIST AVAIT EU UN CHIEN

SI LE CHRIST AVAIT EU UN CHIEN
Fort et gentil comme l'un des miens
Avec un nez tout noir et bien pointu,
Une queue enroulée et du poil dru,
Et deux grands yeux ronds bien tendres
Tout mouillés d'amour et d'ambre.

SI LE CHRIST AVAIT EU UN CHIEN
Moi, je suis sûr que, dés qu'il eut vu et senti Jésus,
Ce chien, eh bien ! qu'il fut Dieu, il l'aurait su,
Et que, flairant sa trace quelque part sur la terre,
Il l'eut trouvé et suivi, bien avant Pierre.
Il aurait pleuré de voir Judas si mauvais
Et comme jean, lui serait demeuré tout près.


SI LE CHRIST AVAIT EU UN CHIEN
Mais je sais que Jésus n'avait pas de chien
Car, souvent il fut seul, sans personne, sans rien.
Comme cette nuit-là, au jardin des Oliviers,
Quand à sa douleur les siens l'ont abandonné,
Lui, aux pieds de son Maître, se serait jeté
Et, sans savoir pourquoi, avec lui aurait pleuré.

SI LE CHRIST AVAIT EU UN CHIEN
Sa langue rose aurait léché
Ses doigts crispés, sa main serrée,
Pour qu'il se sentît moins délaissé.
Et quand les soldats seraient arrivés,
Avant que Pierre n'eut tiré son épée,
Sur eux, en rage, il se serait jeté.

SI LE CHRIST AVAIT EU UN CHIEN
Et il aurait alors suivi son Maître
Chez Pilate, Hérode et le Grand Prêtre.
Derrière chaque porte le nez collé,
Comptant les cris et les coups portés,
Il aurait attendu, en regrettant,
De n'être qu'un pauvre chien impuissant.

SI LE CHRIST AVAIT EU UN CHIEN
Et tout au long de la route vers le Calvaire
Chaque fois que Jésus serait tombé à terre,
Plus vite que Véronique il serait allé,
Malgré les soldats, malgré les coups de pieds,
Lécher la Face de son Maître bien-aimé
Couverte de sang sale et de sueur salée.

SI LE CHRIST AVAIT EU UN CHIEN

Plus tard, tandis que le Christ était à mourir
Au pied de sa Croix, il serait venu s'accroupir,
Et quand Jésus aurait poussé son dernier cri,
Croyant être appelé, comme il aurait bondi !
Sautant comme un fou pour arriver jusqu'à Lui
Et, encore une fois, défendre son ami.


Quand Jésus au Sépulcre aurait été porté,
Son chien l'aurait suivi et plus jamais quitté
Et au matin de Pâques, l'ange troublé
Eût trouvé là un petit chien mort,
Trop fatigué d'attendre son Maître qui ne revenait pas,
Et qu'il savait ne jamais revoir ici-bas.

En paix serait donc parti l'ami de Jésus
Car, dans sa petite tête, il eut toujours su que,
Si un homme pouvait avoir besoin d'un chien,
Le Christ, lui, n'aurait plus jamais besoin de rien.
Car, là-haut, une foule d'anges impatients
Devaient aussi l'attendre depuis longtemps.

C'est pourquoi le Maître à ceux à qui il a confié
Un clébard adoré,
Ancien, seul, aveugle, enfant, berger,
Donna des chiens pour que des humains perdus
Puissent trouver en eux un peu d'amitié.

Texte publié par le Père Guy Gilbert dans son livre "Mes plus belles prières".
 


samedi 13 octobre 2012

DES FEMMES DU TEMPS JADIS AUX FEMMES DU TEMPS PRESENT

En ce début de millénaire il me plait et je le veux
Vous narrer sous la forme d'un lai la vie de ces femmes
Qui ont vécu les temps passés.
 
Elles savent que leur vie est, comme le champ de leur enfance,
Parfois emplie de ronces, de rhododendrons et de mûres sauvages;
Monde sans chemins tracés et odorant bon l'aventure et l'interdit...
Parfois bien ordonné, fleurs captives, allées au cordeau, bancs
En pierre froide et dure, pergola accueillant roses et passiflores.
 
Elles aimeraient tant ne jamais se dire dans les temps à venir...
Nous avons le regret du temps passé...le regret de ne pas avoir aimé...
Le regret de ne pas avoir su nous émerveiller...le regret de mille choses
Qui dans une vie sont comme mille étoiles que nous voyons
Sans voir car notre regard oublie de discerner l'essentie.
 
Comme un fil d'argent qui relie les siècles, il me souvient en ces
Temps dits obscurs de Françoise qui, lors de la Grande Peste sut
Par son dévouement offrir aux autres la lumière de l'éternité.
Temps aussi chantés par Pétrarque qui offrit à Laure une corbeille
De mots si enchanteurs que son regard se voila devant l'offrande.
Temps mystérieux où Yveline hantait la forêt de Broceliande vêtue
                                          D'un brocart bleu roi en soie parcouru de fils d'or et d'argent.
                                       Temps où la France émergeait, fragile et pourtant forte comme
                                      Francette qui, femme libre, avançait, fière dans un monde hostile.
                                       Temps du Haut Moyen-Âge où Isabelle, mystique et sensuelle
                                         Menait hardiment la foule joyeuse se pâmer à la Fête des Fous.
                                  Temps plus anciens encore quand Cicéron, sur les marches de l'Acropole,
                                     Honotait sa fille en dictant à son scribe un poème dédié à Tullia 
                                Temps où la louve romaine laissait Tacite relater la gloire de l'empire
                                         Dans sa villa d'Herculanum où Antonia, douce et généreuse le comblait.
 
                                 Il me souvient de ce lai du chèvrefeuille narré par Marie de France...
                          De ce coudrier....et de ces femmes se retrouvant
                                         Par delà l'éternité unies....Rien ne pourra les détacher...
                                   Ni vous sans moi...Ni moi sans vous. 
 
Daniel MEINDRE - 13 Octobre 2012
   

samedi 6 octobre 2012

LES DEUX PIGEONS PAR JEAN DE LA FONTAINE

LES DEUX PIGEONS
Deux Pigeons s'aimaient d'amour tendre.
L'un d'eux s'ennuyant au logis
Fut assez fou pour entreprendre
Un voyage en lointain pays.
L'autre lui dit : Qu'allez-vous faire ?
Voulez-vous quitter votre frère ?
L'absence est le plus grand des maux :
Non pas pour vous, cruel. Au moins que les travaux,
Les dangers, les soins du voyage,
Changent un peu votre courage.
Encore si la saison s'avançait davantage !
Attendez les zéphyrs : qui vous presse? Un Corbeau
Tout à l'heure annonçait malheur à quelque Oiseau.
Je ne songerai plus que rencontre funeste,
Que Faucons, que réseaux. Hélas, dirai-je, il pleut :
Mon frère a-t-il tout ce qu'il veut,
Bon soupé, bon gîte, et le reste ?
Ce discours ébranla le coeur
De notre imprudent voyageur ;
Mais le désir de voir et l'humeur inquiète
L'emportèrent enfin. Il dit : Ne pleurez point :
Trois jours au plus rendront mon âme satisfaite ;
Je reviendrai dans peu conter de point en point
Mes aventures à mon frère.
Je le désennuierai :quiconque ne voit guère
N'a guère à dire aussi. Mon voyage dépeint
Vous sera d'un plaisir extrême.
Je dirai : J'étais là ; telle chose m'avint;
Vous y croirez être vous-même.
A ces mots en pleurant ils se dirent adieu.
Le voyageur s'éloigne ; et voilà qu'un nuage
L'oblige de chercher retraite en quelque lieu.
Un seul arbre s'offrit, tel encor que l'orage
Maltraita le Pigeon en dépit du feuillage.
L'air devenu serein, il part tout morfondu,
Sèche du mieux qu'il peut son corps chargé de pluie,
Dans un champ à l'écart voit du blé répandu,
Voit un Pigeon auprès : cela lui donne envie :
Il y vole, il est pris : ce blé couvrait d'un las  
Les menteurs et traîtres appas.
Le las était usé : si bien que de son aile,
De ses pieds, de son bec, l'oiseau le rompt enfin.
Quelque plume y périt : et le pis du destin
Fut qu'un certain vautour à la serre cruelle,
Vit notre malheureux qui, traînant la ficelle
Et les morceaux du las qui l'avaient attrapé,
Semblait un forçat échappé.
Le Vautour s'en allait le lier, quand des nues
Fond à son tour un aigle aux ailes étendues.
Le Pigeon profita du conflit des voleurs,
S'envola, s'abattit auprès d'une masure,
Crut, pour ce coup, que ses malheurs
Finiraient par cette aventure ;
Mais un fripon d'enfant, cet âge est sans pitié
Prit sa fronde, et, du coup, tua plus d'à moitié
La Volatile malheureuse,
Qui, maudissant sa curiosité,
Traînant l'aile et tirant le pié,
Demi-morte et demi-boiteuse,
Droit au logis s'en retourna :
Que bien, que mal elle arriva
Sans autre aventure fâcheuse.
Voilà nos gens rejoints ; et je laisse à juger
De combien de plaisirs ils payèrent leurs peines.
Amants, heureux amants , voulez-vous voyager?
Que ce soit aux rives prochaines ;
Soyez-vous l'un à l'autre un monde toujours beau,
Toujours divers, toujours nouveau ;
Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste.
J'ai quelquefois aimé : je n'aurais pas alors
Contre le Louvre et ses trésors,
Contre le firmament et sa voûte céleste,
Changé les bois, changé les lieux
Honorés par les pas, éclairés par les yeux
De l'aimable et jeune bergère
Pour qui, sous le fils de Cythère,
Je servis, engagé par mes premiers serments.
Hélas! Quand reviendront de semblables moments?
Faut-il que tant d'objets si doux et si charmants
Me laissent vivre au gré de mon âme inquiète?
Ah! si mon coeur osait encor se renflammer!
Ne sentirai-je plus de charme qui m'arrête?
Ai-je passé le temps d'aimer? 



La Fontaine publie cette fable à 68 ans


Les Deux Pigeons (appartient à ce site)
Illustration de Gélibert