samedi 18 février 2012

LE VAINQUEUR

Ce poème est né voici une trentaine d'année d'un souvenir d'adolescence....J'avais 16 ans;;;je passais le BEPC, l'épreuve sportive du 400 mètres...Pour ceux qui connaissent Lyon elle se situait à la Croix-Rousse...sur le plateau....A mes côtes un garçon d'une autre école...Il avait une langue énorme qui pendait....Il gagna la course....Je le vis repartir....

LE VAINQUEUR

Sur la cendrée rouge il courait
Rouge aussi était
Cette langue difforme
Qui pendait, énorme,
Comme un objet obscène.

Sa première course, sa première
Victoire...
Sous les quolibets des gamins,
Sous le regard gêné, si ce n'est
De pitié des adultes.

Une ascension fulgurante,
Il était devenu le champion,
Mais toujours, dans la presse,
A la télévision..., les photos, les films
Ne laissaient apparaître
Que sa foulée
Sur la cendrée rouge.

Aujourd'hui, au coeur de cette conque
Emplie de cent mille silhouettes
Hurlantes
Il était l'un de ceux qui, après
Dix mille mètres
Recueillerait les anneaux
Entrelacés.

Il voyait les caméras s'attarder,
Complaisantes, sur ses concurrents
Et sur lui se détourner.
La cendrée était rouge sous ses pas
Rouge aussi sa langue.
Il était seul dans le dernier tour.
Plus que que quelques mètres...
Plus qu'une foulée...
Il s'arrêta.
Vainqueur sur cette cendrée rouge.

Daniel MEINDRE

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