dimanche 21 décembre 2008

UN NOEL DE NICOLAS MARTIN -


Nicolas MARTIN, né en Savoie, probablement à Saint Jean de Maurienne, vers 1498, est l'auteur de nombreuses chansons en patois et le créateur, pour ainsi dire, du Noël comme chant national. Il fut d'abord maître de chapelle à Saint Jean et il composa dès ce moment des Noëls, des cantiques et aussi des chansons "qu'on jugera au vray estre folettes" comme il le dit lui-même dans une épître qu'il adressera plus tard à son éditeur lyonnais. Celles-ci lui firent encourir le blâme de l'évêque et l'obligèrent à s'expatrier. Il vécut quelque temps à Chambéry, puis il se rendit dans le Lyonnais "auprès de quelques chatelains qu'il avait amusés jadis de son gai savoir".
En 1534 il fit imprimer à Lyon ses "Noels et Chansons" qu'il avait composés "tant en vulgaire françoys que savoysien, dict, patoys" et cela parce que
....plusieurs oïant la mélodie
M'ont supplié leur faire la copie
Et m'a fallu l'escrire bien souvent.

Le recueil contient 16 noëls et 17 chansons bergerettes.

Ces Noëls et chansons assurèrent à Nicolas Martin une renommée qui s'étendit bien au-delà de sa province.

Nicolas Martin revint à Saint Jean de Maurienne en 1565 et il y mourut entre 1566 et 1571.

Les Noëls de Nicolas Martin sont d'un genre tout nouveau, dont il fut le créateur. Celui que nous reproduisons, connu sous le nom de JACOTIN donnera une idée de son genre musical, fait d'alternance de rythmes. C'est ainsi que dans ses chansons, il ne cessera de mêler le grave et parfois le mystique et le grivois, parce que la religion et la gaîté demeurèrent toujours ses deux sources d'inspiration.

NOEL DE NICOLAS MARTIN

Jacotin, Jasons,
Gringotin * Fredonnons
Un noe fallot, Un gentil Noël,
Accordin * Accordons
Et chantin * Et chantons
Tuyt quatroz en un flot. Tous quatre ensemble.

Loz chantar prin ey lo diraz Margot * La voix aiguë, la dira Margot
Et la tenour ly pittiot Perotin, Et le ténor, le petit Perrotin,
L'aultaz contrantaz mon compare Janot, La haute-contre, mon compère Jeannot
Per bondonnar, ie bondonneray bin. Quand au bourdon, je bourdonnerai bien.


Dioz Creatour per noz fare suppo * Dieu Créateur, pour nous venir en aide

Fist ordonnancis per noz atroz cretin * Fit ordonner pour nous autres chrétiens
De noz mandar un grand perdon per tot, De nous envoyer un grand pardon pour tout,
Que a aduict Jesus son fion begnin * Que nous apporté Jésus, son bénin fils.

Du ciel sez bas Angos on fet un sault, Du ciel ici-bas des Anges on fait un saut,
Et on chanta grec, françois ou latin : Et l'on chanta grec, français ou latin.
"Gloeriz a dioz seyt, pex en terre et accot; "Gloire soit à Dieu, paix et accord sur terre;
Per la venuaz de Jesus fallotin !" Pour la venue du gentil Jésus !"

Que firon noz aveyr ou y tal mot ? Que fîmes-nous après avoir ouï un tel mot ?
Toz comme cobloz noz miron a chemin, Tout comme des couples nous nous sommes mis en chemin,
Et furon les a do soz et un clot, Et nous fûmes là deux sots et un éclopé,
Tant que teit ply que de noet que de matin. Tant qu'il était plus nuit que matin.

Noz le trouaron asetta sur un plot * Nous trouvâmes là, assis sur un plot
Un viou bon hommoz assuyan un pattin * Un vieux bonhomme essuyant un chiffon
Per loz pupu charfar et tenir chault * Pour réchauffer et tenir au chaud le poupon
Quand de sa mare leysserit lu tetin. Quand il laisserait le sein de sa mère.
Mon compagnon saioz, discret et cault, Mon compagnon sage, discret et prudent,
Apre liaueir denna un agneillin, Après lui avoir donné un agnelin,
Di a Colin : "Prend le ba un escot * Dit à Collin : "Prends là-bas une baguette
Et per dancyer tochiz loz taborin". Et pour danser touche le tambourin".
L'anuz et lo bo ne furon pas si glot * L'âne et le boeuf ne furent pas si gourmands
Qua fara honour à Dioz ne fussian enclin, Que de n'être pas enclins à rendre hommage à Dieu,
Et on leyssiaz de migier un fagot * Ils ont laissé de manger une botte
Per regardar luz petiot enfantin. Pour regarder le petit enfant.
Loz Rey ply saioz que voz ne noz et tot, Les rois, plus sages que vous, que nous et tout,
Lion presenta et denna prou de bin, Lui ont présenté et donné assez de dons,
Don lun estoit Gaspard, l'atroz Melchiot * Dont l'un était Gaspard, l'autre Melchior
Et Baltasard semblable à un mourin. Et Balthasar, semblable à un noir.
Sadevoz quey a parlar per escot ? Quant à nous, savez-vous que dire ?
Ey loz noz fault craindre et amar bin, Il nous faut le craindre et l'aimer bien,
Et son coman fare, ey net pas sot, Et faire son commandement, ce n'est pas sot,
Se noz volin parady a la fin. Si nous voulons le paradis à la fin.
Preyn luz don que du cornu barbot * Prions-le donc que du serpent cornu (le diable)
Et noz deffende noz et nostroz vesin, Il nous défende, nous et nos voisins,
Et quand sera le tot derrier sanglot, Et quand ce sera le tout dernier sanglot,
Comen e bon ey, volliet dyre : "Vin !" Comme il est bon, qu'il veuille dire : "Viens !"
Je dois reconnaître qu'écrire en ce jour cette langue du 16ème siècle demande une attention toute particulière. Ceci permet aussi de relativiser le dogmatisme actuel de certains qui ont du mal à accepter l'évolution de la langue et de l'écriture. Le combat que nous devons mener est celui de la défense et de la présence de la langue française dans le monde.
Par ailleurs si vous le souhaitez découvrez un blog qui présente la ville où je vis et qui publie un récit de Noël sous la Révolution.
QUE NOEL SOIT DANS VOS COEURS ET QUE LES PRIERES QUE JE VOUS PRESENTE ET QUE J'AIME VOUS ACCOMPAGNENT TOUT AU LONG DE L'AN 2009 ET PUISSENT VOUS AIDER DANS LES MOMENTS HEUREUX ET DIFFICILES DE VOTRE VIE.
MERCI A TOUTES CELLES ET A TOUS CEUX QUI M'ONT ENCOURAGE A CONTINUER DANS CETTE VOIE.
Daniel Meindre


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